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Innovationen durch Deuten und Gestalten: Klöster im Mittelalter zwischen Jenseits und Welt — Klöster als Innovationslabore, Band 1: Regensburg: Schnell + Steiner, 2014

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Dalarun, Jacques: Le corps monastique entre opus Dei et modernité
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https://doi.org/10.11588/diglit.31468#0021
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20 | Jacques Dalarun
Si la défiance contre la chair affleure dans la tradition chrétienne, elle ne peut
cependant être poussée à bout, en raison de la Création, de l’Incarnation, de l’eucharistie
– « Car ceci est mon corps » ¹⁰ –, mais aussi parce que l’Église, sur la longue
durée du Moyen Âge, a dû se définir en opposition au défi manichéen, réel ou fantasmé.
Rejeter indistinctement la chair du côté du mal serait mettre en cause l’unicité
de Dieu. En outre, à la suite de Paul, les chrétiens forment « le corps du Christ » ¹¹ et
l’Église elle-même se pense comme son « corps mystique ». ¹²
Dans l’imagerie populaire, le corps du moine est pris entre deux images opposées:
le moine décharné, ennemi de son corps, champion de l’ascèse; le moine gras
et repus, jouisseur et profiteur. Le second a été souvent décrié, dès le Moyen Âge. ¹³
Mais le premier a peut-être la vie plus dure. ¹⁴ On se remémore les traitements épouvantables
que Dominique l’Encuirassé, disciple de Pierre Damien, faisait subir à son
corps. ¹⁵ Or précisément, le saint des Apennins indique ce que le corps monastique
10 Canon de la messe, inspiré de Matthieu 26, 26: Hoc est enim corpus meum.
11 I Romains 12, 4 – 5; I Corinthiens 12, 12–13 et 27; I Colossiens 1, 24.
12 Voir Martin Morard, Les expressions corpus mysticum et persona mystica dans l’œuvre de saint Thomas
d’Aquin, dans: Revue thomiste, 95, 1995, pp. 653 – 664.
13 Voir la description des mauvais religieux dans Sacrum commercium sancti Francisci cum domina Paupertate,
éd. Stefano Brufani (Medioevo francescano. Testi 1), Assise 1990, cap. 23, pp. 161–162: Ceperunt
deinde ad queque egyptiaca, que reliquerant, miserrime suspirare et que corde magnifico contempserant
turpiter requirebant. Incedebant tristes viam mandatorum Dei et corde arido ad queque iniuncta
currebant. Deficiebant sub onere et pre inopia spiritus vix poterant suspirare. Rara compunctio erat eis,
contritio nulla, obedientia plena murmure, cogitatio animalis, letitia dissoluta, pusillanimis tristitia,
sermo incautus, risus facilis; in vultu hilaritas, in incessu vanitas, vestis mollis et delicata, studiose incisa,
studiosius consuta, somnus multus, cibus superfluus, potus intemperatus. Nugas et trufas et verba
proferebant in ventum. Recitabant fabulas, mutabant leges, disponebant provincias et hominum facta
diligenter tractabant. De exercitio spirituali nulla cura, nullum studium de salute anime, rara collatio
de celestibus et eternis tepens desiderium (trad. François Delmas-Goyon, dans: François d’Assise.
Écrits, Vies, témoignages, éd. Jacques Dalarun, Paris 2010, pp. 896 – 898: « Puis ils commencèrent à soupirer
misérablement après ce qu’ils avaient abandonné en Égypte et à rechercher honteusement ce qu’ils
avaient méprisé d’un cœur généreux. Ils avançaient, moroses, sur la voie des commandements de Dieu et
c’est avec un cœur aride qu’ils couraient vers ce qui leur était ordonné. Ils défaillaient sous le fardeau et
pouvaient à peine respirer par manque de souffle. La componction était rare en eux, la contrition nulle,
l’obéissance pleine de murmures, la pensée animale, la joie dissolue, la morosité pleine de petitesse, le
discours inconsidéré, le rire facile. Gaieté sur la figure, vanité dans l’allure; des habits efféminés et raffinés,
à la coupe soignée, encore mieux confectionnés; le sommeil à foison, la chère à profusion, la boisson sans
modération. Ils proféraient des sornettes, des bobards et des paroles en l’air. Ils récitaient des histoires
profanes, changeaient les lois, organisaient les provinces et traitaient avec diligence des affaires des gens.
Ils n’avaient nul souci des exercices de piété, aucun zèle pour le salut de l’âme; leurs entretiens consacrés
aux réalités célestes étaient rares et tiède était leur désir des biens éternels »).
14 Au XVII ᵉ siècle, à l’abbaye cistercienne de la Trappe réformée par l’abbé de Rancé, il a été établi « qu’un
entrant sur quatre n’avait que deux ans pour se préparer à la mort et que plus de la moitié ne survivait pas
cinq ans »; Alaban John Krailsheimer, cité par Jean-Maurice de Montrémy, Vie et mort des moines
de la Trappe par l’abbé de Rancé (Le temps retrouvé), Paris 2012, p. 39.
15 Petrus Damiani an Papst Alexander II.: schreibt für den Papst die Viten von Rudolf von Gubbio und
Dominicus Loricatus (Juli–August 1064), dans: Die Briefe des Petrus Damiani, Teil 3: Nr. 91–150, éd.
Kurt Reindel (MGH Die Briefe der Deutschen Kaiserzeit 4,3), Munich 1989, Nr. 109, pp. 200 –223, en
particulier pp. 207–223.
 
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