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K. Bopp:
XIX.
Lambert an Kaestner
20. Oktober 1772.
Le 2° Vol. des Vos Oeuvres melees m’a ete remis et m’a fait beau-
coup de plaisir. Je Vous prie de vouloir bien agreer mes remercimens.
J’espere que le Libraire Vous aura fait parvenir un exemplaire
du troisieme volume de mes Beyträge. Du moins il me l’a aßure.
Je viens de trouver une belle occasion pour executer une idee
du feu Mr. Mayer au sujet des melanges des Couleurs. Leonard
de Vinci l’avoit d’ejä eue mais le Calcul des Combinaisons lui man-
quoit. M. Mayer s’en servit avec succes quoiqu’apres tout il semble
laisser encore differens points indetermines. Apres ce que j’ai fait, je
crois que si son memoire s’est perdu on aura plus sujet de le regretter.
J’ai dit au libraire de Vous faire parvenir un exemplaire de ce que j’ai
publie lä dessus sous le titre de Farbenpyramide. Car il nie falloit
changer en pyramide ce que Mr. Mayer avoit propose en triangles.
Les remarques que Vous faites, Monsieur, sur la grammaire uni-
verselle de Mr. Kalmar, me paroißent fort justes. S’il faut en juger
sans prevention, on accordera qu’il a fait beaucoup mieux et qu’il est
alle beaucoup plus loin que tous ceux qui l’ont precede. Ce n’est pas
meine un grand eloge. Son ouvrage meritoit toujours d’etre imprime.
Il ne me paroit pas etre audessous de la Critique et dans une matiere
semblable c’est dejä beaucoup. Ce qui m’a parut etre le mieux imagine,
c’est la fagon de designer les Verbes suivant toutes les modifications
et la maniere de faire paßer un meme Signe par les differentes partes
orationis. Parmi ses primitifs il y a plusieurs, qui ont une ressemblence
tres masquee avec 1a. chose eile meme.
Mais je n’ai garde d’applaudir aux Choix qu’il a fait de ses primi-
tifs. J’ai insiste fortement sur ce qu’il en donne la liste, mais il l’a con-
stamment refuse. Jusques lä la grammaire est purement grammaire
ä l’exception des caracteres cpi’il produit enforme d’exemples, et que
je me suis propose d’extraire et de mettre en quelque ordre afin de voir
si pour les choisir il a suivi des regles plus ou moins generales.
Je lui avois dit encore que ses caracteres et toute sa grammaire
est plutot accommodee aux Langues humaines qu’aux choses elles-
memes ou bien plutot philologique que philosophique, et que c’etoit
pourtant ce dernier point que Leibniz avoit en vue. Il ne pouvoit
en disconvenir, mais il dit, qu’il ne m’avoit pas encore fait tout voir.
Cela se peut bien mais il devoit en faire entrevoir plus qu’il ne l’a fait
dans sa grammaire. Cela en auroit considerablement releve le prix
et le merite.
K. Bopp:
XIX.
Lambert an Kaestner
20. Oktober 1772.
Le 2° Vol. des Vos Oeuvres melees m’a ete remis et m’a fait beau-
coup de plaisir. Je Vous prie de vouloir bien agreer mes remercimens.
J’espere que le Libraire Vous aura fait parvenir un exemplaire
du troisieme volume de mes Beyträge. Du moins il me l’a aßure.
Je viens de trouver une belle occasion pour executer une idee
du feu Mr. Mayer au sujet des melanges des Couleurs. Leonard
de Vinci l’avoit d’ejä eue mais le Calcul des Combinaisons lui man-
quoit. M. Mayer s’en servit avec succes quoiqu’apres tout il semble
laisser encore differens points indetermines. Apres ce que j’ai fait, je
crois que si son memoire s’est perdu on aura plus sujet de le regretter.
J’ai dit au libraire de Vous faire parvenir un exemplaire de ce que j’ai
publie lä dessus sous le titre de Farbenpyramide. Car il nie falloit
changer en pyramide ce que Mr. Mayer avoit propose en triangles.
Les remarques que Vous faites, Monsieur, sur la grammaire uni-
verselle de Mr. Kalmar, me paroißent fort justes. S’il faut en juger
sans prevention, on accordera qu’il a fait beaucoup mieux et qu’il est
alle beaucoup plus loin que tous ceux qui l’ont precede. Ce n’est pas
meine un grand eloge. Son ouvrage meritoit toujours d’etre imprime.
Il ne me paroit pas etre audessous de la Critique et dans une matiere
semblable c’est dejä beaucoup. Ce qui m’a parut etre le mieux imagine,
c’est la fagon de designer les Verbes suivant toutes les modifications
et la maniere de faire paßer un meme Signe par les differentes partes
orationis. Parmi ses primitifs il y a plusieurs, qui ont une ressemblence
tres masquee avec 1a. chose eile meme.
Mais je n’ai garde d’applaudir aux Choix qu’il a fait de ses primi-
tifs. J’ai insiste fortement sur ce qu’il en donne la liste, mais il l’a con-
stamment refuse. Jusques lä la grammaire est purement grammaire
ä l’exception des caracteres cpi’il produit enforme d’exemples, et que
je me suis propose d’extraire et de mettre en quelque ordre afin de voir
si pour les choisir il a suivi des regles plus ou moins generales.
Je lui avois dit encore que ses caracteres et toute sa grammaire
est plutot accommodee aux Langues humaines qu’aux choses elles-
memes ou bien plutot philologique que philosophique, et que c’etoit
pourtant ce dernier point que Leibniz avoit en vue. Il ne pouvoit
en disconvenir, mais il dit, qu’il ne m’avoit pas encore fait tout voir.
Cela se peut bien mais il devoit en faire entrevoir plus qu’il ne l’a fait
dans sa grammaire. Cela en auroit considerablement releve le prix
et le merite.