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Internationale Tagung "Die Weltchronik des Johannes Malalas im Kontext spätantiker Memorialkultur" <2016, Tübingen>; Borsch, Jonas [Hrsg.]; Gengler, Olivier [Hrsg.]; Meier, Mischa [Hrsg.]; Heidelberger Akademie der Wissenschaften [Hrsg.]
Malalas-Studien: Schriften zur Chronik des Johannes Malalas (Band 3): Die Weltchronik des Johannes Malalas im Kontext spätantiker Memorialkultur — Stuttgart: Franz Steiner Verlag, 2019

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IV. Die Stadt als Erinnerungsträger
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Caire, Emmanuèle: Jean Malalas et la mémoire d'Antioche: Construction de l'espace et du temps dans la Chronique, l'exemple d'Épiphania
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https://doi.org/10.11588/diglit.61687#0174
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Jean Malalas et la mémoire d’Antioche

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La ville de Séleucos, qui se réduit encore à la fondation de son rempart, s’inscrit
donc dans un espace géographique caractérisé par les deux repères majeurs que sont la
montagne et le fleuve. L’emplacement dans la plaine à proximité du fleuve est étrange-
ment présenté comme un face-à-face de la future ville avec la montagne (κατέναντι
του όρους). Mais ce face-à-face est surtout un éloignement justifié par la crainte des
torrents. De fait, lorsque Malalas rappelle les circonstances de la fondation, à propos
des constructions de Tibère, il reprend les mêmes indications avec une expression lé-
gèrement differente :
Tibère César fut informé que le roi Séleucos, par crainte des eaux torrentielles qui
dévalaient du mont à la mauvaise saison et qui stagnaient, s’était écarté de la mon-
tagne (αποφυγών τό όρος) et avait édifié la ville dans la plaine (έν τη πεδιάδι).5
Aux repères géographiques naturels se superposent toutefois, dans le premier passage,
des repères urbanistiques, avec la mention de deux localités dont l’une - lopolis - a
déjà été évoquée et décrite dans la Chronique^ : puisque lopolis avait été fondée sur le
mont Silpios (εις τό ΣιΛπιον όρος), le face-à-face de la future Antioche avec la mon-
tagne est naturellement un face-à-face avec l’antique cité de lopolis (άντικρυς τής
ΊωπόΛεως). Si l’on accorde de l’importance au changement de préposition et si l’on
suppose que αντικρυς apporte une notion d’alignement plus nette que κατέναντι,
il faut sans doute comprendre que cette dernière indication sert surtout à localiser
la nouvelle fondation par rapport au cours de l’Oronte en donnant comme point de
repère l’emplacement supposé de lopolis. De fait, la forme allongée de la montagne
qui s’étend parallèlement au fleuve ne permet pas de situer assez précisément le nouvel
emplacement choisi par Séleucos. Mais en réalité, la localisation exacte de lopolis
restait sans doute assez floue dans l’imaginaire des Antiochéens du vie siècle, et sans
doute déjà du ive siècle comme en témoignent les hésitations de Libanios à ce sujet.7

5 Malalas, Chronographia X 9.

6 Malalas, Chronographia II 6 : Les Argiens lopolites, partis en Syrie à la recherche de lo, la fille d’Ina-
chos, apprennent quelle est morte et repose «dans la montagne» (έν τώ ορει). Alors, «après lui avoir
édifié un temple, ils s’établirent là, sur le Mont Silpios, où ils fondèrent une ville pour eux-mêmes, qu’ils
appelèrent lopolis; chez les Syriens on les appela Ionites jusqu’à aujourd’hui.» (κτίσαντες αύτή
ιερόν ωκησαν εκεί εις τό Σίλπιον όρος, κτίσαντες καί πόλιν έαυτοις, ήν έκάλεσαν
ΊώποΛιν οϊτινες έκλήθησαν παρά τοΐς αύτοΐς Σύροις Ίωνϊται έως τής νυν.)

7 L’emplacement exact de lopolis n’est pas explicité chez Malalas. La localité est dite εις τό όρος (II i2,
VIII ii), et visiblement, pour le chroniqueur, elle se situe en hauteur puisque Séleucos «fait descendre»
les lopolitains pour les établir dans sa nouvelle cité (Malalas, Chronographia VIII14: καί κατήγαγε
καί αυτούς εκ τής ΊωπόΛεως έν τή αυτή Αντιόχεια οίκεΐν). Libanios est ambigu: si le village
que découvrent les Argiens partis à la recherche de lo est établi en hauteur (Libanius, Orationes XI 47 :
άνήεσαν έπί τό όρος παρά τούς ένοικούντας ολίγους δή τινας), c’est en revanche « au pied de
la montagne » (ύπό τω ορει) que Triptolème établit la ville fondée en l’honneur de Io (Libanius, Ora-
tiones XI51). L’hésitation sur le nom même de la ville, que Libanios appelle lonè, et Malalas lopolis, tout
en attribuant parfois aux habitants le nom de lonitai pour les distinguer des lopolitai venus d’Argos (cf.
II 6 ; II12) souligne ce flottement de la tradition concernant les origines d’Antioche, entre histoire et
légende. Il semble que Malalas ait en partie associé la situation de lopolis et d’Acropolis, deux habitats
pré-séleucides, établis tous deux εις τό όρος, et qui connurent un destin identique. Il ne les confond
pas toutefois, distinguant leurs noms et leur noyau de population originel (voir infra, n. 25).
 
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