1'eHipse, ce refus d'insister sur les details pathetiques mais secondaires
(decoupage de la chair, douleur du roi) sont uniques a ma connaissance.
Meme a Thalpan, ou la representation du est pareillement sobre
(deux personnages seulement: le roi et l'liomme a la balance), 1'artiste
n'a pas cru devoir se dispenser de dessiner la coiffure du roi et le de-
coupage de la chair (fig. 7). Alors que le dessin de Thalpan, dans sa
simplicity, reste fidele au recit, celui de Shatial est un tableau ou l'exac-
titude narrative est sacrifice au profit de l'effet esthetique et emotion-
nel. C'est l'oeuvre d'un artiste, et peut-etre d'un mystique.
Lanalyse de la figure du Buddha montre le meme eclectisme et le me-
me mysticisme. A premiere vue, rien ne la distingue d'un Buddha gan-
dharien ou cachemiri. Le dessin est trop fruste pour livrer des indices
chronologiques. La chevelure debordante se retrouve aussi bien au Gan-
dhara qu'a Mathura ou au Cachemire. Les oreilles au lobe distendu
sont attestees des les plus anciens reliefs gandhariens.^ Lapparente
simplicity de l'image est trompeuse: celle-ci presente des particularites
iconographiques que la theologie ne suffit pas a expliquer. Le Buddha
est cense proteger le pigeon refugie entre ses bras ("sous son aisselle",
dit le texte). Lartiste de Shatial rend cette attitude par une approxima-
tion: il emprunte au repertoire de la statuaire bouddhique la position de
meditation, mains jointes et pieds joints. Or il suffit de
feuilleter un album d'art du Gandhara pour s'apercevoir que dans le
nord-ouest de l'lnde, normalement, les pieds d'un Buddha assis en
ou en sont couverts par la robe monastique. 11
en est de meme a Chilas et Thalpan.^ Par contre la plante des pieds
des Buddhas prechant (J/m77na-c^m-mtvJra) est visible.^ A l'oppose,
a Mathura, dans quelques reliefs swatis consideres comme anciens et
pas ce type de balance que montrent les autres representations du y/h/^'ataAa ou la
chair est pesee soit sur une balance a deux plateaux, mais a cadre fixe, soit sur une
balance romaine a peson et a un seul plateau (SCHLINGLOFF 1988: 188-190 et 387).
Je ne connais que deux autres exemples de balance portative a deux plateaux: une
representation incomplete de ce jafa/ra au Gandhara (KURTTA 1988-90: vol. II, p.
277 n° 848) et le meme j'ata^a a Thalpan.
130 Bon exemple dans KURJTA (1988-90: vol. I, p. 125) qui date de la premiere moitie
du premier siecle de n.e. ( = van LOHUIZEN-DE LEEUW 1981: 386, fig. 13).
131 FussMAN 1993: 24.
132 KURITA 1988-90: vol. I, pp. 196-203. 11 y a quelques exceptions: 197, n° 397; p.
199, n° 402; p. 201, n° 407; KURITA 1988-90: vol. II, p. 91, n° 231; p. 94, n° 237; p.
96, n° 246; INGHOLT 1957: n° 523-525; etc.
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(decoupage de la chair, douleur du roi) sont uniques a ma connaissance.
Meme a Thalpan, ou la representation du est pareillement sobre
(deux personnages seulement: le roi et l'liomme a la balance), 1'artiste
n'a pas cru devoir se dispenser de dessiner la coiffure du roi et le de-
coupage de la chair (fig. 7). Alors que le dessin de Thalpan, dans sa
simplicity, reste fidele au recit, celui de Shatial est un tableau ou l'exac-
titude narrative est sacrifice au profit de l'effet esthetique et emotion-
nel. C'est l'oeuvre d'un artiste, et peut-etre d'un mystique.
Lanalyse de la figure du Buddha montre le meme eclectisme et le me-
me mysticisme. A premiere vue, rien ne la distingue d'un Buddha gan-
dharien ou cachemiri. Le dessin est trop fruste pour livrer des indices
chronologiques. La chevelure debordante se retrouve aussi bien au Gan-
dhara qu'a Mathura ou au Cachemire. Les oreilles au lobe distendu
sont attestees des les plus anciens reliefs gandhariens.^ Lapparente
simplicity de l'image est trompeuse: celle-ci presente des particularites
iconographiques que la theologie ne suffit pas a expliquer. Le Buddha
est cense proteger le pigeon refugie entre ses bras ("sous son aisselle",
dit le texte). Lartiste de Shatial rend cette attitude par une approxima-
tion: il emprunte au repertoire de la statuaire bouddhique la position de
meditation, mains jointes et pieds joints. Or il suffit de
feuilleter un album d'art du Gandhara pour s'apercevoir que dans le
nord-ouest de l'lnde, normalement, les pieds d'un Buddha assis en
ou en sont couverts par la robe monastique. 11
en est de meme a Chilas et Thalpan.^ Par contre la plante des pieds
des Buddhas prechant (J/m77na-c^m-mtvJra) est visible.^ A l'oppose,
a Mathura, dans quelques reliefs swatis consideres comme anciens et
pas ce type de balance que montrent les autres representations du y/h/^'ataAa ou la
chair est pesee soit sur une balance a deux plateaux, mais a cadre fixe, soit sur une
balance romaine a peson et a un seul plateau (SCHLINGLOFF 1988: 188-190 et 387).
Je ne connais que deux autres exemples de balance portative a deux plateaux: une
representation incomplete de ce jafa/ra au Gandhara (KURTTA 1988-90: vol. II, p.
277 n° 848) et le meme j'ata^a a Thalpan.
130 Bon exemple dans KURJTA (1988-90: vol. I, p. 125) qui date de la premiere moitie
du premier siecle de n.e. ( = van LOHUIZEN-DE LEEUW 1981: 386, fig. 13).
131 FussMAN 1993: 24.
132 KURITA 1988-90: vol. I, pp. 196-203. 11 y a quelques exceptions: 197, n° 397; p.
199, n° 402; p. 201, n° 407; KURITA 1988-90: vol. II, p. 91, n° 231; p. 94, n° 237; p.
96, n° 246; INGHOLT 1957: n° 523-525; etc.
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