voit nettement quatre rais sortant de chacune de ses epaules; d'autres,
moins marques, se devinent a hauteur des coudes et des genoux. 11 tient
contre sa poitrine un oiseau regardant a droite. Au pied du trone, a
droite, un personnage tourne vers la droite tient une balance a deux
plateaux. Lun des plateaux contient un oiseau debout, regardant a droi-
te, l'autre une masse informe que nous savons etre un morceau de la
chair du Loiseau et la balance suffisent en effet a faire re-
connaitre dans cette scene une representation du .wM-yaRika. Ce yafa/ca
n'est pas connu des textes en pali; il en existe plusieurs versions en Sans-
krit et chinois.^ 11 s'agit d'une illustration des vertus extremes (paraaa-
ta) du boJ/a'^a^a, dans ce cas precis de la vertu du don poussee a k ex-
treme, jusqu'au don de sa souffrance et de la vie. En ce temps-la le fu-
tur Buddha etait roi des Sibis. Sakra, klndra des dieux, voulut eprouver
sa longanimite. 11 demanda a Visvakarman de se transformer en pigeon
(kapofa) et prit lui-meme kapparence d'un faucon (syeaa) poursuivant
ce pigeon.^ Celui-ci se refugia sous kaisselle du roi qui lui assura la
vie sauve. Le faucon se plaignit alors d'etre prive de son repas et de de-
voir mourir de faim. Touche par la justesse du raisonnement, le roi des
Sibis accepta de racheter le pigeon contre un poids egal de sa propre
chair. C'est le point central du yataka, celui qu'illustre l'artiste de Shati-
al. Mais le pigeon se fit de plus en plus lourd dans la balance. Le roi
des Sibis accepta sans defaillir de donner de plus en plus de chair, puis
de mourir pour sauver le pigeon. Enthousiasme par tant de generosite
et d'abnegation, par tant de capacite a souffrir pour sauver les etres, ce
qui est le propre d'un vrai bo^/ma^tva, Sakra rendit au roi des Sibis son
apparence anterieure et partit en lui adressant les plus grandes louan-
ges.
Comme l'a justement souligne V Thewalt,^ cette representation du ^*-
bi-y'<3;aka est sur un point inexacte. Le roi des Sibis est un Buddha a ve-
nir 11 n'est pas encore Buddha. 11 aurait done fallu le re-
presenter vetu comme un roi, non comme un Buddha. Je reviendrai plus
join sur ce detail.
18 Recit complet duydfa/ra et tableau des sources dans LAMOTTE 1944: voi. I, pp. 255-
260 et SCHLINGLOFF 1988: 86-92. Remarques sur le texte khotanais et sur une pos-
sible origine gandhari du /atekoytouo dans v. HtNUBER 1989a: 80-81.
19 Sur i'appellation conventionnelle de 'pigeon', voir m/hz KONIG 1994: 132-133.
20 THEWALT 1983: 627-629.
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moins marques, se devinent a hauteur des coudes et des genoux. 11 tient
contre sa poitrine un oiseau regardant a droite. Au pied du trone, a
droite, un personnage tourne vers la droite tient une balance a deux
plateaux. Lun des plateaux contient un oiseau debout, regardant a droi-
te, l'autre une masse informe que nous savons etre un morceau de la
chair du Loiseau et la balance suffisent en effet a faire re-
connaitre dans cette scene une representation du .wM-yaRika. Ce yafa/ca
n'est pas connu des textes en pali; il en existe plusieurs versions en Sans-
krit et chinois.^ 11 s'agit d'une illustration des vertus extremes (paraaa-
ta) du boJ/a'^a^a, dans ce cas precis de la vertu du don poussee a k ex-
treme, jusqu'au don de sa souffrance et de la vie. En ce temps-la le fu-
tur Buddha etait roi des Sibis. Sakra, klndra des dieux, voulut eprouver
sa longanimite. 11 demanda a Visvakarman de se transformer en pigeon
(kapofa) et prit lui-meme kapparence d'un faucon (syeaa) poursuivant
ce pigeon.^ Celui-ci se refugia sous kaisselle du roi qui lui assura la
vie sauve. Le faucon se plaignit alors d'etre prive de son repas et de de-
voir mourir de faim. Touche par la justesse du raisonnement, le roi des
Sibis accepta de racheter le pigeon contre un poids egal de sa propre
chair. C'est le point central du yataka, celui qu'illustre l'artiste de Shati-
al. Mais le pigeon se fit de plus en plus lourd dans la balance. Le roi
des Sibis accepta sans defaillir de donner de plus en plus de chair, puis
de mourir pour sauver le pigeon. Enthousiasme par tant de generosite
et d'abnegation, par tant de capacite a souffrir pour sauver les etres, ce
qui est le propre d'un vrai bo^/ma^tva, Sakra rendit au roi des Sibis son
apparence anterieure et partit en lui adressant les plus grandes louan-
ges.
Comme l'a justement souligne V Thewalt,^ cette representation du ^*-
bi-y'<3;aka est sur un point inexacte. Le roi des Sibis est un Buddha a ve-
nir 11 n'est pas encore Buddha. 11 aurait done fallu le re-
presenter vetu comme un roi, non comme un Buddha. Je reviendrai plus
join sur ce detail.
18 Recit complet duydfa/ra et tableau des sources dans LAMOTTE 1944: voi. I, pp. 255-
260 et SCHLINGLOFF 1988: 86-92. Remarques sur le texte khotanais et sur une pos-
sible origine gandhari du /atekoytouo dans v. HtNUBER 1989a: 80-81.
19 Sur i'appellation conventionnelle de 'pigeon', voir m/hz KONIG 1994: 132-133.
20 THEWALT 1983: 627-629.
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