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https://doi.org/10.11588/diglit.36942#0101
des gazelles est tres abimee. A premiere vue, il semblerait qu'elles ne
portent pas de comes. Mais leur profil est tout a fait semblable a celui
de deux gazelles du Bihar^ dont il ne fait pas de doute qu'elles soient
cornues. Un sceau de Nalanda, date des IX-X" siecles, montre deux ga-
zelles pareillement cornues.^ Sur une couverture de manuscrit Pala,
egalement datee du IX^ siecle, le peintre a pris soin de bien indiquer les
comes de deux minuscules gazelles.^ En fait dans Part indien, je ne
connais qu'un exemple ou les gazelles evoquant le Parc des Gazelles a
Sarnath ne soient pas toutes deux cornues: une miniature de pierre,
trouvee a Khotan, attribute au Gandhara ou au Cachemire (VIP sie-
cle?), ou aucune des gazelles ne porte de cornes.^
Les quelques references que je viens de donner montrent que le motif
de la roue encadree de gazelles n'est pas tres frequent en Inde: il appa-
rait seulement sur les reliefs et bronzes evoquant le sermon de Benares.
11 est possible que la destruction des monasteres indiens nous dissimule
sa veritable importance. Le bouddhisme tibetain, heritier direct du
bouddhisme indien, fait en effet un grand usage decoratif de ce motif.
Aiors que dans ce qui subsiste de l'art bouddhique indien, la roue enca-
dree de gazelles sert exclusivement de /aAytma permettant d'identifier le
Buddha Sakyamuni et le sermon de Benares, elle est au Tibet le symbo-
le de la predication bouddhique, du chemin qui mene a la liberation, et
de l'ordre monastique, trois notions qui pour nous sont independantes
mais qui, pour un vrai bouddhiste, n'en font qu'une. La roue encadree
de gazelles sert done a identifier tout objet^ ou batiment monastique.
On la trouve au-dessus des portes monumentales dormant acces aux en-
sembles monastiques, sur le toit de nombreux batiments lamaiques, sur
les grandes tentures accrochees aux fagades des temples.^ Or, a une
31 ZWALF 1985: 107, n° 141. La meme explication vaut peut-etre pour les gazelles d'un
bronze Pala du Bihar (LERNER/KOSSAK 1991: 123-124, n° 92) ou la tete des gazel-
les est usee au point que comes et oreilles se confondent.
32 ZWALF 1985: 109-112, n° 146.
33 LERNER 1984: 86-87, n° 30.
34 ZWALF 1985: 101, n° 133.
35 Par exemple un autel (MACDONALD 1982: 80, n° 13) ou un socle de statue (fig. 4).
36 Ma connaissance de Tart tibetain etant fort limitee, j'ai consulte sur ce point Mada-
me Anne CHAYET, chargee de recherches au CNRS, qui a eu la tres grande gentil-
lesse de faire pour moi les recherches necessaires et de me fournir quelques-unes
des references que j'utilise plus bas.
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portent pas de comes. Mais leur profil est tout a fait semblable a celui
de deux gazelles du Bihar^ dont il ne fait pas de doute qu'elles soient
cornues. Un sceau de Nalanda, date des IX-X" siecles, montre deux ga-
zelles pareillement cornues.^ Sur une couverture de manuscrit Pala,
egalement datee du IX^ siecle, le peintre a pris soin de bien indiquer les
comes de deux minuscules gazelles.^ En fait dans Part indien, je ne
connais qu'un exemple ou les gazelles evoquant le Parc des Gazelles a
Sarnath ne soient pas toutes deux cornues: une miniature de pierre,
trouvee a Khotan, attribute au Gandhara ou au Cachemire (VIP sie-
cle?), ou aucune des gazelles ne porte de cornes.^
Les quelques references que je viens de donner montrent que le motif
de la roue encadree de gazelles n'est pas tres frequent en Inde: il appa-
rait seulement sur les reliefs et bronzes evoquant le sermon de Benares.
11 est possible que la destruction des monasteres indiens nous dissimule
sa veritable importance. Le bouddhisme tibetain, heritier direct du
bouddhisme indien, fait en effet un grand usage decoratif de ce motif.
Aiors que dans ce qui subsiste de l'art bouddhique indien, la roue enca-
dree de gazelles sert exclusivement de /aAytma permettant d'identifier le
Buddha Sakyamuni et le sermon de Benares, elle est au Tibet le symbo-
le de la predication bouddhique, du chemin qui mene a la liberation, et
de l'ordre monastique, trois notions qui pour nous sont independantes
mais qui, pour un vrai bouddhiste, n'en font qu'une. La roue encadree
de gazelles sert done a identifier tout objet^ ou batiment monastique.
On la trouve au-dessus des portes monumentales dormant acces aux en-
sembles monastiques, sur le toit de nombreux batiments lamaiques, sur
les grandes tentures accrochees aux fagades des temples.^ Or, a une
31 ZWALF 1985: 107, n° 141. La meme explication vaut peut-etre pour les gazelles d'un
bronze Pala du Bihar (LERNER/KOSSAK 1991: 123-124, n° 92) ou la tete des gazel-
les est usee au point que comes et oreilles se confondent.
32 ZWALF 1985: 109-112, n° 146.
33 LERNER 1984: 86-87, n° 30.
34 ZWALF 1985: 101, n° 133.
35 Par exemple un autel (MACDONALD 1982: 80, n° 13) ou un socle de statue (fig. 4).
36 Ma connaissance de Tart tibetain etant fort limitee, j'ai consulte sur ce point Mada-
me Anne CHAYET, chargee de recherches au CNRS, qui a eu la tres grande gentil-
lesse de faire pour moi les recherches necessaires et de me fournir quelques-unes
des references que j'utilise plus bas.
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