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Fussman, Gérard ; Hinüber, Oskar von ; Höllmann, Thomas O. ; Jettmar, Karl ; Bandini, Ditte ; Bemmann, Martin [Bearb.]
Die Felsbildstation Shatial — Materialien zur Archäologie der Nordgebiete Pakistans, Band 2: Mainz, 1997

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https://doi.org/10.11588/diglit.36948#0103
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que l'on peut savoir par ailleurs des cultes de cette region. Comme K. Jettmar, je ne comprends pas pour-
quoi Nanai-Vandak, s'il vient de Sogdiane, a fait l'enorme detour de Shatial pour se rendre ä Tashkurgan
du Xinjiang (xrßntn),^" ni pourquoi il est passe sur la rive gauche de I'Indus, ce qui lui impose de retra-
verser la riviere. N. Sims-Williams, conscient de cette difficulte, propose l'hypothese d'un commerce trian-
gulaire Sogdiane-Haut Indus-Xinjiang. 11 me parait plus simple de penser que Nanai-Vandak, comme Pe-
kako, venait du Ladakh ou du Cachemire. A Shatial, il se trouve sur une route qui lui permet de rejoin-
dre facilement la vallee de l'Ishkuman et Tashkurgan.^
La solution ici proposee se heurte ä une difficulte majeure: si les voyageurs qui les premiers ont laisse
leur nom ä Shatial venaient d'amont, soit de la vallee dAstor, soit du col de Babusar, ils etaient necessai-
rement passes par Chilas. Ils pouvaient aisement traverser I'Indus ä Chilas-Thalpan et s'eviter ainsi le de-
tour de 3 ou 4 jours que represente le passage par Shatial. Lexplication est, je pense, ä chercher dans les
representations que portent les rochers de Shatial. Ce sont essentiellement des 377^9%; ils sont si nombreux
que l'on peut qualifier Shatial de site bouddhiste.^ Je ne sais pas si la partie Ouest du site (autour du
grand 37up<3 du rocher 34) peut etre qualifiee de sanctuaire, mais je ne vois pas comment on pourrait fai-
re abstraction de la mention par Faxian et Xuanzang de l'existence, tout pres de Shatial, ä 7b-ü-/o, d'un
monastere possedant une statue miraculeuse de Maitreya. K. Jettmar, ici meme, insiste sur la difficul-
te d'identifier Talilo ä l'actuel Darei ou les restes bouddhiques sont rares et oü l'on n'a pas trouve de bä-
timent capable d'abriter une statue assise haute de 80 ou de 100 pieds. 11 n'en reste pas moins qu'il y
avait un site bouddhique fameux dans cette region, donc, fort probablement un pelerinageA On peut
penser que les auteurs d'inscriptions brähmi et de gravures bouddhiques se rendaient dans ce site fameux,
ou - au cours d'un voyage qui devait les mener ailleurs - faisaient le court detour par Shatial pour ve-
nerer la statue de Maitreya et acquerir des merites. Les auteurs d'inscriptions sogdiennes pouvaient avoir
la meme raison de venir ä Shatial: meme s'ils n'etaient pas vraiment bouddhistes,^' ils pouvaient juger
utile de rendre hommage ä un heu saint, pour eux commodement situe sur une route qui mene facile-
ment au Chitral et ä la Sogdiane, ou au Xinjiang. Mais on ne devait pas se rendre dans cette region sau-
vage et oü la nourriture manque sans prendre certaines precautions. On peut supposer que les premiers

52 L'identification, proposee par YOSHIDA 1991, parait süre. Tashkurgan se trouve sur la route directe entre la Bactriane et
Kashgar.
53 Deux autres inscriptions laissent penser que certains des Sogdiens de Shatial habitaient au Xinjiang. Ce sont des noms pro-
pres (sobriquets) dont l'un se traduit "la femme chinoise" (39:66), l'autre "le Koutcheen" (17:15).
54 H ne faut pas tenir compte du fait que l'etude onomastique revele tres peu de noms a connotation bouddhique (une quin-
zaine au maximum pour l'ensemble des inscriptions brähmi et sogdiennes): les laics bouddhistes indiens portaient tres sou-
vent des noms hindous parce que l'attribution du nom est un de ces rites domestiques (jap^kära) dont les moines boud-
dhiques ne se preoccupaicnt pas et qui restaient le domaine des brahmanes et astrologues hindous. Les rois d'Odi, qui ont
introduit le bouddhismc dans leurs territoires, portaient de beaux noms brahmaniques (FUSSMAN 1982: 44-46; FUSSMAN
1986: 6). Par ailleurs un hindou ne refusera jamais l'hommage ä un yfäjpa.
55 On peut penser que les chiffres donnes par Faxian (GlLES 1923: 9: "a 'wooden' image cighty feet in height, thc folded legs
of which measured eight feet across") et Xuanzang (WATTERS 1904-05: 239: "a wooden image ... above 100 feet high"),
qui ne semblent pas avoir vu la statue, sont tres exageres. Si la statue de Maitreya n'avait eu que deux rnctres de haut, eile
aurait dejä ete bien plus grande que la plupart des statues de culte bouddhiques que nous connaissons. Elle ne se trouvait
pas necessairement dans un grand monastere. Elle pouvait tres bien se trouver enfermee dans un bätiment d'apparence
modeste et etre exposee une fois ou plusieurs fois dans l'annee aux fidcles specialcmcnt vcnus pour cette occasion. C'est
ainsi que les choses se passent de nos jours au Nepal et au Tibet. On peut aussi penser que la la statue de bois etait en
fait une image peinte sur un gigantesque roulcau (yka-i/rah) deploye au momcnt des fetes.
56 C'est ce que semblc indiquer l'onomastique; un seul auteur d'inscription sogdienne porte un nom d'inspiration bouddhiste
(Buddhadäsa, 34:86) et il n'est meme pas sür qu'il soit ethniqucmcnt sogdien. Mais dans une societe qui n'est pas majori-
tairement bouddhiste, les fidcles laics (apä^a/ca) ne portent pas necessairement un nom ä connotation bouddhiste. Voir la
note 54.
 
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