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Sommer, Andreas Urs; Nietzsche, Friedrich; Heidelberger Akademie der Wissenschaften [Mitarb.]
Historischer und kritischer Kommentar zu Friedrich Nietzsches Werken (Band 6,2): Kommentar zu Nietzsches "Der Antichrist", "Ecce homo", "Dionysos-Dithyramben", "Nietzsche contra Wagner" — Berlin, Boston: De Gruyter, 2013

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https://doi.org/10.11588/diglit.70914#0406
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Stellenkommentar EH weise, KSA 6, S. 271-272 383

lieu anzuspielen scheint, der wiederum in der Rezension von 1884 nicht
genannt wird. Der für 272, 14-24 und GM II 15 relevante Passus lautet bei Leroy-
Beaulieu 1883, 150 f.: „Une des qualites que le climat et la lutte contre la nature
ont le plus developpees chez le Grand-Russien, c'est le courage passif, l'energie
negative, la force d'inertie. [...]. La vie, d'accord avec l'histoire, a forme le
Grand-Russe ä un stoicisme dont lui-meme ne comprend pas l'heroisme, stoi-
cisme provenant d'un sentiment de faiblesse et non d'un sentiment d'orgueil,
et parfois trop simple, trop näif, pour paraitre toujours digne. Personne ne sait
souffrir comme un Russe, personne mourir comme lui. Dans son tranquille
courage devant la souffrance et la mort, ily a de la resignation de l'animal
blesse ou de l'lndien captif, mais relevee par une sereine conviction religi-
euse. / La premiere fois que j'ai rencontre le paysan russe, c'etait en 1868, en
Palestine, au mois de mars, au commencement du careme. Je campais sous la
tente au bord des etangs de Salomon, non loin de Bethleem. La nuit avait ete
troublee par une de ces tempetes de vent et de pluie assez frequentes en Syrie
dans cette saison. Nous avions ete rejoints par un groupe de ces pelerins russes
qui parcourent la Terre Sainte en troupe, ä pied, un bäton ä la main, sans
autre bagage qu'une besace et une ecuelle. C'etaient /151/ tous des paysans; il
y avait parmi eux des hommes et des femmes, la plupart etaient ages. Fatigues
par les privations d'un long voyage et d'une longue marche, ils cherchaient
autour de nos tentes ou au pied de murailles en ruine un abri contre les rafales
de pluie. A l'aube, ils voulurent regagner le couvent grec de Bethleem; mais,
bien que la distance ne füt que de quelques kilometres, le froid, la lassitude,
empecherent plusieurs d'y arriver. Quand leurs forces etaient ä bout, ils se
laissaient tomber ä terre, et les autres passaient en silence ä cote, les abandon-
nant comme ils s'abandonnaient eux-memes. Nous les suivimes de pres ä che-
val, transis, fatigues nous aussi, et allant chercher un refuge au couvent latin
de Bethleem. Je rencontrai ainsi deux de ces mougiks couches sur le roc dans
le sentier change en ruisseau. J'essayai en vain de les relever, de les ranimer
avec du rhum, de les hisser ä cheval: ils semblaient ne vouloir que mourir.
Arrives ä Bethleem, nous pümes envoyer ä leur recherche: on avait dejä enterre
dans la matinee un homme et deux femmes russes trouves morts sur les che-
mins des environs. / C'est avec le meme sentiment, le meme calme et doux
fatalisme, qu'au temps de la guerre de Crimee les soldats russes se laissaient
acheminer ä travers les steppes du Sud, marchant jusqu'ä l'epuisement et mou-
rant le long des routes par centaines de mille, sans un cri de revolte, presque
sans une plainte ou un murmure. C'est avec la meme patience, la meme ener-
gie resignee que, dans les guerres du Balkan, ils ont supporte toutes les extre-
mites du froid, de la chaleur, de la fatigue, de la faim. Le soldat russe est le
plus endurant de l'Europe; sous ce rapport on ne saurait lui comparer que son
 
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