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Innovationen durch Deuten und Gestalten: Klöster im Mittelalter zwischen Jenseits und Welt — Klöster als Innovationslabore, Band 1: Regensburg: Schnell + Steiner, 2014

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Dalarun, Jacques: Le corps monastique entre opus Dei et modernité
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https://doi.org/10.11588/diglit.31468#0034
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Le corps monastique entre opus Dei et modernité | 33
la révolution industrielle, mais la structuration mentale et physique du monastère
occidental comme corps monastique offrait un modèle d’efficience remarquable
pour toute organisation rationnelle du travail. ¹²⁴
Dans le cadre limité du présent exercice, je ne m’aventurerai pas plus loin et je
terminerai sur ce qui peut paraître un point de détail. Dans le catalogue des âpretés
de la vie monastique, on s’arrête rarement sur la privation de sommeil. Elle constitue
pourtant une contrainte quotidienne, souvent mal vécue par les moines, ¹²⁵ les
novices en particulier. ¹²⁶ Elle s’inscrit à l’encontre d’un monde environnant qui vivait
massivement au rythme de la lumière diurne. Même si l’office nocturne se déroulait
dans la semi-obscurité, les activités précédant le lever du soleil impliquaient
une consommation effrénée de cire, produite ou achetée par les moines, reçue par
eux sous forme de redevances ou d’aumônes. Plus que jamais, la culture monastique
s’affirme ici comme contre-nature. D’année en année, notre temps de sommeil ne
cesse de se réduire, signature monastique au sein de la modernité. Le réveil sonne,
brisant nos rêves. L’opus nous attend.
The Monastic Body between Opus Dei and Modernity
A body under stress ¹²⁷
Christian doctrine has an ambiguous relationship to the body. In the first tale of the
Creation, God creates man “male and female.” In the second tale, God forms woman
from man’s rib. The Fall is soon identified with the temptation of the flesh. In
the New Alliance, God has become incarnate, born of a woman. Passion becomes
an obligatory element in the sequela Christi. Then, the Church had to define itself
in opposition to the Manichaean challenge. Rejecting the flesh would jeopardize
God’s uniqueness. Moreover, Christians are “Christ’s body” and Church conceives
itself as His mystical body. In the popular imagination, the monk’s body balances
124 C’est bien l’introduction du travail manuel dans le monachisme, due à Benoît, qui explique l’aspect « collectiviste
» de l’organisation bénédictine, à commencer par le dortoir commun; Vogüé, Introduction
(note 23 supra), p. 47; La Règle de saint Benoît, vol. 5 (note 23 supra), pp. 670 – 671.
125 Voir Jacques Dalarun, Relire Raoul Glaber, dans: Moines et démons. Autobiographie et individualité
au Moyen Âge central (VII ᵉ –XIII ᵉ siècle), éd. Dominique Barthélemy/Rolf Gross (École pratique
des hautes études. Sciences historiques et philologiques. V. Hautes études médiévales et modernes),
Genève 2014, pp. 55 – 83 et 187–192.
126 Assumée, cette contrainte a aussi été vécue comme un moment d’exaltation prodigieux pour les moines.
Sur les jeux de lumière dans l’église cistercienne, voir Georges Duby, Saint Bernard. L’art cistercien
(Les grands bâtisseurs 1), Paris 1976, rééd. dans: Id., L’art et la société. Moyen Âge–XX ᵉ siècle, éd. Guy
Lobrichon, Paris 2002, pp. 385 –389.
127 Je remercie vivement Timothy Johnson d’avoir contrôlé mon texte anglais.
 
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